jeudi 31 octobre 2019

Comment fonctionnent les pierres d’humeur ?

Des pierres d’humeur.
Parmi les bijoux qui existent, on trouve les pierres d’humeur (de l’anglais mood stone). Ces pierres, posées sur une bague ou accrochées à un collier changent de couleur en fonction de notre humeur. Aussi, la couleur est censée nous indiquer nos états d’âmes : rose quand on est enjouée, vert quand on est chanceux, orange pour l’inspiration, rouge si on est passionné, etc.

Ces pierres changent réellement de couleur quand on les porte, mais comment font-elles ça ?

Une question de température

Déjà, le bijou ne fonctionne que si on le porte : sa couleur ne changera pas si on la regarde posée sur la table, même si notre humeur change entre temps. La raison est très simple : quand on la porte (sur une bague ou un collier), la pierre prend la température du corps, ou du moins elle y est soumise.

Notre corps change de température, et chaque région du corps réagit différemment en fonction de nos émotions : en état de peur ou de colère, nos membres se réchauffent ; si on est en dépression ou triste, le corps est plus froid ; quand on est content, le corps se réchauffe. Les changements de température ne sont que de quelques degrés cependant et ne durent que quelques minutes avant de changer de nouveau.

Les pierres d’humeur peuvent réagir à ce changement de température corporelle, mais le plus gros des changements proviennent de la météo : si on va dehors en hiver, la pierre (comme votre peau d’ailleurs) va être soumise au froid, et si on entre à l’intérieur, elle va se réchauffer.

Ces pierres changent réellement de couleur et en font un objet très sympathique, mais le fait que cette dernière soit liée à votre humeur reste à démontrer.

D’où vient le changement de couleur ?

Ces bijoux ne sont pas sans rappeler les tasses thermoréactives, dont le motif change quand on verse une boisson chaude dedans. Ces tasses fonctionnent grâce à plusieurs produits chimiques au sein d’une couche de peinture, dont un produit thermosensible. Le produit thermosensible réagit à la chaleur et agit sur un pigment, qui devient alors visible. Si la tasse refroidit, le produit thermosensible se stabilise et rend l’encre de nouveau invisible. Les tasses fonctionnent par une action combinée de plusieurs composés chimiques.

Les pierres d’humeur fonctionnent d’une autre façon.

Déjà, ces pierres sont artificielles (souvent en verre) et sont recouvertes ou remplies d’une couche de peinture. Cette peinture contient des cristaux liquides : ce sont ces cristaux liquides qui donnent une couleur à la pierre.

Les cristaux liquides sont des fluides, mais leurs propriétés optiques sont proches d’un cristal solide (d’où leur dénomination). Dans ces bijoux, la température affecte la forme, l’orientation ou la structure des cristaux liquides, qui vont à leur tour voir leurs propriétés optiques modifiées.

Du point de vue optique, ceci se rapproche un peu des couleurs d’une plume de paon : ces plumes n’ont pas de pigments colorés. Les couleurs sont structurelles, c’est-à-dire qu’elles proviennent de la structure des écailles sur les fibres de la plume (visibles au microscope) et des interférences lumineuses que cette structure induit sur la lumière.

Dans les pierres d’humeur, le température modifie la forme et la structure des cristaux et le changement de forme se traduit par un changement dans les longueurs d’ondes absorbées ou renvoyées, et donc la couleur du bijou.

Ces couleurs « structurelles » ne sont pas rares : certains minéraux naturelles, certaines écailles de poisson, certains papillons, scarabées, libellules, ainsi qu’une tache d’huile ou d’essence sur une flaque d’eau sont colorées via cet effet. Ces couleurs sont assez reconnaissables : ce sont toujours les mêmes et on un aspect lumineux « métallisée ».

Conclusion

Il existe plusieurs façons d’obtenir un changement de couleur à partir de l’environnement : les pierres d’humeur et les tasses thermoréactives en sont deux exemples. Certains t-shirt qui changent de couleur en utilisant des pigments, des leuco-colorant, changent de forme et de couleur selon la température ou encore les lunettes photochromiques (qui noircissent dès qu’on sort dehors) en sont deux autres (bien que pour les lunettes, le noircissement est obtenu grâce à l’action de la lumière UV du Soleil).

Dans les pierres d’humeur des bijoux, on relie la couleur de la pierre à l’humeur d’une personne par l’intermédiaire de sa température corporelle.

Certains thermomètres médicaux (thermomètres frontaux) ou d’aquarium fonctionne exactement avec le même principe, en utilisant des cristaux liquides.

On trouve les pierres d’humeur un peu partout en ligne. Par exemple sur Etsy ou Amazon.

Image d’en-tête en provenance de la boutique LowCostCraftSupplies



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mercredi 30 octobre 2019

Retrogaming made in France - Culture et pop | ARTE

ARTE a fait une série sur les légendes françaises du jeu vidéo (Alone in the Dark, Another World, Les Voyageurs du temps...)  Super !
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Les OGM ne tuent pas. L’écologie primaire, si

Du riz.
Voir : Block on GM rice ‘has cost millions of lives and led to child blindness’

Si un poison vous tue si vous en mangez, les « vitamines » sont des substances dont c’est l’absence de consommation qui vous tue. Ce sont aussi des substances que le corps humain ne produit pas lui-même et qu’il doit donc trouver dans sa nourriture.

La vitamine A, par exemple, est présente dans les carottes, l’oseille, la patate douce et dans de nombreux poissons ou viandes. Sa carence provoque la cécité voire la mort.

Dans certains pays comme le Bangladesh, les carences en vitamine A sont responsables de 2 000 morts par jour et de la perte de la vue chez des millions de personnes, généralement des enfants.
L’aliment de base au Bangladesh, comme dans beaucoup de pays, c’est le riz. La science a donc mis au point un riz qui produit de la vitamine A : le riz jaune, destiné à ces populations pour réduire ces morts et ces maladies.

Sauf que… les autorités et les groupes « écologistes » sont partis en croisade contre les OGM et ont donc banni ce riz jaune.

Résultat : des millions de personnes continuent de mourir et autant d’enfants vivent sans voir le monde.

La science, la recherche, sauve des vies.
Refuser de voir ça et se cramponner à ses convictions occidentales qui n’ont pas ce problème, ça en revanche, ça tue.
Pire, après t’as les groupes écolos qui viennent dire que c’est la recherche et la science qui est responsable de tout ça.

En fait, j’imagine que ça se passe un peu comme ça :

– La médecine : « Les enfants des pays pauvres sont carencés en vitamine-A. »
– La biologie : « On est sur le coup. Voici du riz OGM, jaune, qui contient de la vitamine-A. »
– La médecine : « Super, voilà qui devrait sauver de la cécité des millions d’enf… »

– Les soi-disant écolos : « Nope, n’en veut pas. »
– Les hipsters : « Nope, nous non plus. »
– Les politiques : « Pareil, c’est non, autrement on perd des voix. »

– Les enfants : « On est aveugle ! »
– Les écolos, hipsters et politiques : « C’est la faute aux OGM. »

Mème avec Poutine.

J’ai déjà parlé plusieurs fois des OGM et sur pourquoi j’ai fini par changer d’avis sur ça. Et je ne suis pas le seul.
Je pense que quand certaines croyances et convictions profondes sont erronées et qu’elles tuent ou rendent d’autres gens malade, il faut arrêter et surtout les combattre.

Oui, je pense que les OGM (tout comme le nucléaire, les normes d’hygiène, la recherche scientifique et spatiale, le minage d’astéroïde…) sont une avancée majeure dans l’avancement de notre espèce et notre civilisation.

Vous n’êtes pas obligés de penser comme moi, mais vous avez, comme moi, la responsabilité et le devoir en tant qu’être humain de reconnaître que ces technologies sauvent des vies, préviennent des morts et peuvent nous sauver de l’obscurantisme soi-disant écologique qui est en train de pousser toute la biosphère de cette planète droit dans le mur.

Image d’en-tête de Simone Bosotti



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mardi 22 octobre 2019

Navigateurs pour Android

Les navigateurs Android, c'est toujours la merde.
Autant je suis un inconditionnel de Firefox sur desktop, autant sur mobile c'est juste pas possible.
De manière assez surprenante, j'ai adopté le navigateur Samsung. Il est bon.
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mardi 15 octobre 2019

Nous ne ferons pas barrage

En 2017 s’est jouée une drôle de pièce, à l’entre-deux tours de l’élection présidentielle française. Alors que le Front National se retrouvait au second tour pour la deuxième fois de l’histoire, avec l’héritière Le Pen en face d’Emmanuel Macron, les médias (et, sans doute, un certain nombre de mes concitoyennes et concitoyens) découvraient avec stupeur que tout le monde n’était pas prêt à « faire barrage » et que pas mal de gens étaient plus disposés à aller pêcher à la ligne qu’à déposer, même en se pinçant le nez, un bulletin Macron dans l’urne du second tour.

Eh bien, voyez-vous, je comprends en partie cette stupeur : c’est que vous étiez partis du principe qu’il y avait certains partis inacceptables (principalement le Front National) et d’autres acceptables (en gros, tous les autres, encore que… nous y reviendrons). Par conséquent, si d’aventure un parti inacceptable se retrouvait au second tour, chaque personne ayant voté pour un parti acceptable au premier tour s’engageait à voter contre ce parti inacceptable au second… quel que fût par ailleurs le parti dit acceptable qui se retrouvât en face et dont il fallût alors mettre le bulletin dans l’urne. Ce principe était en fait loin d’être acquis, en tout cas certainement bien moins acquis qu’en 2002, pour tout un tas de raisons sur lesquelles j’ai déjà eu l’occasion de revenir1. Vous en avez été surpris, vous avez hurlé au scandale et, encore une fois, je comprends : vous ne saviez pas. Vous ne saviez pas que pour pas mal d’entre nous, un Macron est tout aussi inacceptable qu’une Le Pen ; que la politique libérale dont le premier est le héraut nous apparaît comme la cause même de la popularité de la seconde ; que nous n’avions pas l’intention de jouer au filet de sauvetage de la banalisation du discours d’extrême-droite dont vous avez fait votre gagne-pain depuis longtemps.

Oui, je comprends. Lorsque l’on décline une invitation, il est de bon ton de prévenir, si possible en avance, et nous ne l’avons sans doute pas (assez) fait. Permettez-moi donc, par souci de politesse et surtout de clarté, de mettre les choses au point tout de suite : nous2 ne ferons pas barrage.

Nous ne ferons pas barrage.

La prochaine élection présidentielle se déroulera sauf retournement de situation en avril-mai 2022, et si Le Pen – ou un autre avatar du même tonneau – se retrouve au second tour, nous ne ferons pas barrage. Cela est dit : je considère que vous prévenir deux ans et demi en amont devrait être suffisant pour convenir aux règles élémentaires de la politesse.

Pour ce qui est de la clarté, développons un peu. Tout d’abord, rappelons que nous, citoyennes et citoyens, ne sommes pour rien dans les résultats des élections. Cette affirmation peut sembler absurde, et pourtant elle ne l’est pas : c’est bien la situation qui est absurde. Que j’aille ou non voter ne change rien, un vote isolé de plus ou de moins ne pouvant en soi faire basculer l’élection. Ce n’est que la somme des votes qui fait le résultat, et on ne saurait donc transformer un résultat collectif en responsabilité individuelle, quand bien même cela soit très à la mode lorsqu’il s’agit de culpabiliser abstentionnistes et mal votants. Voilà ce que Frédéric Lordon, avec lequel j’ai la manie d’être très souvent d’accord, en dit3 :

Il est d’abord illogique d’instituer le vote comme pratique atomisante, condamnant les individus à l’insignifiance microscopique, pour leur faire porter ensuite, séparément, la responsabilité d’un résultat macroscopique. Il l’est identiquement de les appeler à raisonner moralement comme s’ils étaient des « agents représentatifs », capables à eux seuls de faire le vote et de porter tout le poids du vote, alors qu’ils n’en portent qu’une part infinitésimale, et que leur désir de dépasser cette condition par l’action coordonnée ne trouvera jamais aucune réponse dans l’isoloir.

Ce qui fait l’élection, ce n’est pas mon vote, ce n’est pas le tien : ce sont des tendances, des états d’esprit plus ou moins façonnés, des jeux de popularités plus ou moins construites, bref, un ensemble de rapports de forces globaux qui dépassent largement l’individu et sur lesquels nous n’avons individuellement aucune prise. L’élection est le résultat de ces rapports de force dont un certain nombre n’ont rien à voir avec la politique ou la démocratie, et sont même aisément manipulables pour qui en a les moyens4. De cela, je me désole, et je ne suis pas le seul. Mais enfin, toutes les tentatives pour réformer ce système électoral iniques ont été diabolisées, toutes les voix dénonçant le caractère profondément anti-démocratique des élections telles qu’elles existent en France (et, pour ce que cela vaut, à peu près partout ailleurs) ont été réduites au silence. Dont acte. Nous sommes, individuellement, impuissants démocratiquement, et cela vous convient.

C’est donc à vous – et par « vous », je parle encore une fois de celles et ceux qui ont les moyens d’influencer à grande échelle le résultat d’une élection, responsables politiques en poste, grands médias et patrons de grandes industries – que revient la responsabilité des résultats des élections. Il est inutile de se lancer dans de grandes théories du complot lorsqu’en 2012, le taux de corrélation entre le temps d’antenne à la télé et le résultat aux élections était de 98 %5. Je sais bien que corrélation n’est pas causalité, mais les temps de parole étant par nature antérieurs à l’élection, nous pouvons d’ores et déjà exclure la possibilité d’une causalité dans l’autre sens : « c’est parce qu’il a été élu qu’il a eu tant de temps de parole avant d’être élu » est un raisonnement absurde, à moins de vous prêter des dons de voyance. On pourrait aussi parler de la corrélation entre budget de campagne et résultat aux élections, mais dans un monde où le pouvoir et l’argent se confondent, cela revient pratiquement au même.

Non, ce n’est pas un complot. Simplement, vous jouez un jeu d’influence pour la préservation de vos intérêts. Je n’ai même pas de jugement à apporter à cela, tout au plus un avertissement : les variables sur lesquelles vous vous basez pour ce jeu d’influence sont faussées. Le principe selon lequel même un ficus tagué « progressisme » gagnera toujours face à Le Pen devient de moins en moins inviolable. À l’heure où Macron se vautre avec le même stupre que ses prédécesseurs dans la stratégie qui consiste reprendre les thèses des frontistes – pardon, des rassistes, puisque le Front est devenu Rassemblement – pour faire monter Le Pen et se présenter, au moment voulu, comme le rempart, il est urgent de tirer la sonnette d’alarme : nous ne ferons pas barrage.

Nous ne ferons pas barrage. Nous refusons de jouer les dindons d’une farce qui n’a déjà que trop duré.

De quel barrage parlons-nous, par ailleurs ? Macron adopte le langage de l’extrême-droite, mais dans les actes, son quinquennat a déjà viré dangereusement autoritaire depuis pas mal de temps. De plus en plus souvent, on entend des « ah bah qu’est-ce que ce serait si on n’avait pas fait barrage » de la part de personnes qui n’avaient pas hésité à voter Macron au second tour contre leurs convictions en 2017 : ça devrait vous inquiéter. Explosion et légitimation des violences policières, pratiques mafieuses benallesques au sommet de l’État, écrasement de la contestation sociale, et j’en passe. Pendant le mouvement des Gilets Jaunes, plus d’une vingtaine d’éborgnés, des mains arrachées, une vieille dame tuée à son balcon pendant une manifestation dans la rue, et j’en passe encore (le suivi réalisé par le journaliste David Dufresnes est édifiant6). De quoi alarmer Amnesty International, l’ONU et le Haut Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, une performance jamais réalisée auparavant. Pendant ce temps, Reporter Sans Frontière nous classe 32e pays en terme de liberté de la presse7 sur 180, avec un score d’exactions (qui mesure l’intensité des violences contre les acteurs de l’information) qui nous place entre l’Ouganda et le Tchad. La classe internationale, donc.

Vous avez le culot, après tout cela, de présenter ce « progressisme » comme seule alternative aux « extrémismes » ? Ne soyez pas surpris le jour où il n’y aura plus grand monde pour faire barrage, alors que vous avez été les premiers à faire sauter les digues qui vous séparaient de ce fameux extrême. Vous pensiez qu’en ringardisant l’opposition droite / gauche, remplacée par une opposition progressisme / extrémisme – qui, dans un langage plus franc revient à dire droite / extrême-droite – vous vous assureriez d’être toujours dans le camp vainqueur. Méfiez-vous. Car nous ne ferons pas barrage.

Nous avons vu votre progressisme, nous n’en voulons pas. Vous aviez pensé pouvoir nous faire avaler de force vos programmes antisociaux dégueulasses en les déguisant sous un mot intrinsèquement positif et donc inattaquable (coucou Franck Lepage8) – le sacro-saint progrès – mais c’est le contraire qui est en train de se produire : votre saloperie va jusqu’à contaminer l’idée même de progrès. Oui, nous en sommes là : non seulement pas mal de gens sont dans une optique « tout sauf ce progressisme » – tout même Le Pen donc – mais de plus, pas mal d’autres, moi compris, en ont assez d’être réduits à défendre l’indéfendable, ce progressisme qui est aussi progressiste que le Parti Socialiste est socialiste (c’est dire). Une situation et un rapport de forces dont, encore une fois, vous êtes responsables.

On peut légitimement se demander pourquoi c’est l’extrême-droite qui récupère les voix des déçus et non l’extrême-gauche : une grande part de responsabilité échoie au PS et, plus globalement, à la social-démocratie qui a abandonné les classes populaires, laissé tombé l’idée même d’un mieux, d’une autre voie, tout en flinguant les partis de le gauche radicale comme le PCF, parti majeur en France jusqu’à son alliance funeste avec le PS de Mitterrand bien vite converti au libéralisme une fois au pouvoir… Bref, un glissement de sens a fait que « gauche » n’évoque plus une recherche d’alternative au capitalisme mais simplement, un capitalisme un peu moins cul-serré sur le sociétal (mariage pour tous, légalisation des drogues douces dans certains pays) et occasionnellement saupoudré de protection social – mais de fait, dépensier, et on n’a pas les moyens mon vieux. Nulle surprise que la « gauche » ne fasse plus rêver lorsqu’elle ne devient qu’une droite molle et qui ne s’assume même pas comme tel.

Quant à la gauche radicale, elle en paie les pots cassés : vous êtes en cela aussi responsables d’avoir fait du RN le parti de contestation par défaut, en boycottant et donc ringardisant le vocabulaire et les grilles d’analyse de la gauche tout en banalisant celles de l’extrême-droite. C’est que l’analyse de gauche a tendance à s’attaquer aux mécanismes de domination – notamment ceux des puissances d’argent – alors que l’extrême-droite se focalisera sur les immigrés et étrangers, et que vous avez le bon goût de ne pas faire partie de cette seconde catégorie. Quelqu’un qui appelle à regarder « regarder le problème de l’Islam en face » sera vu comme un pragmatique qui a le courage de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas ; quelqu’un qui dénonce la guerre de classe qui se joue par une haute bourgeoisie en roue libre contre les classes populaires sera dénoncé comme un passéiste idéaliste déconnecté de la réalité.

L’hyper-concentration des richesses n’est pas une « dérive », ce n’est que la conséquence logique des mécanismes d’héritage, mais nous n’en parlerons pas, ce serait de la jalousie anti-riches ; la disparition du travail par l’automatisation et la robotisation généralisée n’est un problème qu’en l’absence de redistribution des profits et que par le caractère sacralisé de la propriété privée, mais nous n’en parlerons pas, car la dictature communiste ne serait pas loin, URSS hier et Vénézuela aujourd’hui ; les burn-outs ne sont que la conséquence d’un besoin d’augmentation constant des taux de profits répercuté par un accroissement constant de la pression sur les salariées et salariés, mais nous n’en parlerons pas, il ne faudrait pas freiner la croissance ; le désastre écologique annoncé n’est pas le résultat d’une nature humaine destructrice mais bien d’un système capitaliste inique qui ne peut survivre que par un accroissement infini dans un environnement fini, mais nous n’en parlerons pas, arrêtons plutôt les pailles en plastiques, trions nos déchets et oublions qui nous envoie joyeusement dans le mur.

De manière générale, l’analyse de la société par rapports de force entre intérêts de classes s’avère de plus en plus pertinente à mesure que le capitalisme se totalitarise et que se précisent les risques d’effondrement systémiques, mais nous n’en parlerons pas, car voyez-vous, la lutte des classes c’est ringard, ça sonne vachement xixe siècle (alors que les CDI de chantier, le paiement à la tâche et la sous-traitance généralisée pour contourner les droits du salariat, ça ne sonne pas xixe siècle mais ça nous y ramène carrément, soit dit en passant). Non seulement c’est ringard, mais en plus, c’est dangereux : CENT MILLIONS DE MORTS, qu’on vous répète sur tous les tons9. Car chacun sait que la seule alternative au capitalisme débridé, c’est la barbarie, barbarie contre laquelle ce même capitalisme est d’ailleurs immunisé, merci bien, fermez le ban et surtout vos gueules.

Il était d’ailleurs assez gonflé de venir gueuler sur les Insoumis10 qui refusaient d’aller faire barrage à Le Pen, quand on imagine assez bien qu’en cas de second tour Macron-Mélenchon, un appel général aurait été lancé pour faire barrage… à la France Insoumise.

Eh bien nous ne ferons pas barrage.

Non seulement nous ne ferons pas barrage, mais par ailleurs nous refusons tout net la responsabilité du désastre annoncé. Pour le dire de manière plus imagée : nous n’irons pas essuyer les traces de freins que vos étrons médiatiques auront laissé au fond des chiottes de la soi-disant « démocratie » représentative. Vous salissez : vous nettoyez.

Oh bien sûr, nous ne sommes pas dupes : vous vous accommoderez fort bien d’une Le Pen au pouvoir. Nous avons déjà nos Fox News nationaux, les BFM TV et CNews qui n’hésitent plus à se gausser dans le climatoscepticisme le plus crasse11, représentés par des éditorialistes dont on excuserait à peine la connerie profonde s’ils l’exprimaient avec 2 grammes dans le sang au comptoir d’un bar PMU, ce qui semblerait pourtant plus indiqué. Le tapis rouge est déjà déroulé pour l’arrivée du RN au pouvoir12, la championne Nathalie Saint-Cricq s’écriait en janvier dernier au sujet de Marine Le Pen « globalement, elle est hyper dédiabolisée » ! Oh bah oui tiens, c’est fou, elle « est » dédiabolisée, c’est un fait, point. Le cirage pour les bottes est déjà prêt avant même qu’elles soient chaussées. Validée par le système, la Le Pen, intronisée cheffe de l’opposition, formulaire d’adhésion à l’acceptabilité tamponné, double-tamponné.

Les puissances du capitalisme sont en train de se rendre compte que leur modèle est fondamentalement incompatible avec la démocratie, et que les faux jeux d’alternance sont terminés : le choix sera vite fait, s’il y a quelque chose à sacrifier, ce sera la démocratie, pas le capitalisme. Pardon de citer à nouveau Lordon, mais « le capital ne se connaît aucun ennemi à droite, aussi loin qu’on aille à droite »13, et c’est un fait que l’on vérifie chaque jour. Le même capital français qui encensait Hitler avant la guerre14 et collaborait tranquillement ensuite (coucou Renault), celui qui faisait des affaires sans complexe avec Daesh lorsque nous comptions les morts de leurs attentats (coucou Lafarge), celui qui laisse Trump gesticuler devant les perdants du rêve américain qui s’imaginent encore une fois sauvés par un millionnaire pendant qu’en coulisse, c’est « business as usual », celui qui laissera Bolsonaro cramer le dernier arbre d’Amazonie si cela lui rapporte un dixième de pourcent de croissance supplémentaire. Vous êtes responsables.

Alors nous ne ferons pas barrage. L’histoire jugera. « Antifasciste pour antifasciste, un jour on comptera les points », disait François Bégaudeau15, sommé sur France Culture de se prononcer sur le fameux barrage. L’histoire nous jugera, oui, et surtout l’histoire vous jugera. Elle jugera quelles étaient les puissances à l’œuvre, quels étaient les rapports de force de l’époque, qui avait le pouvoir d’agir dessus, qui ne l’a pas fait et, surtout, qui l’a fait pour favoriser le désastre. Nous ne transpirons pas à cette idée. Et vous ?


  1. Lire à ce sujet mon long article écrit au lendemain du deuxième tour intitulé Chers amis étrangers, voilà pourquoi certains d’entre nous ne sont pas ravis par l’élection de Macron.↩

  2. Qui est ce « nous », me demanderez-vous ? J’ai hésité à écrire cet article au singulier, « je », simplement je ne doute pas que nombre des lectrices et lecteurs s’y reconnaîtrons, je me permets donc de les inclure a posteriori. Rien ne vous oblige à vous y inclure.↩

  3. Citation extraite de son blog, billet De la prise d’otage daté du 3 mai 2017.↩

  4. Lire à ce sujet le livre Crépuscule de Juan Branco, édifiant.↩

  5. Voir Vu à la télé sur On refait le blog.↩

  6. Voir sur le site de David Dufresnes Six mois d’Allo Place Beauvau : chronique d’un projet à part.↩

  7. Voir sur le site de RSF, Classement de la liberté de la presse 2019.↩

  8. Toujours cette fameuse conférence Inculture(s) 1 : L’Education Populaire monsieur, ils n’en ont pas voulu, dans laquel Lepage finit par une réflexion sur les mots incriticables, le premier duquel étant « projet » (« c’est notre projeeet » hurlait d’ailleurs quelqu’un dont le nom m’échappe…).↩

  9. À ce sujet, la vidéo d’Usul Peut-on être communiste et objectif ? met en perspective les fameux « morts du communisme » (à supposer que l’URSS fût effectivement un communisme et non un simple capitalisme d’état) avec les morts dûs au fonctionnement même du capitalisme (répartition inique des richesses en premier lieu) qui font dans les 20 millions de mort par an.↩

  10. Insoumis dont je me permets de préciser que je ne fais pas partie, puisque je sens venir le couplet sur « oh encore un mélenchoniste frustré ». J’ai plutôt de la sympathie pour ce mouvement qui occupe la place que le PS aurait dû logiquement occuper (une vraie gauche réformiste), mais comme disait un chanteur malheureusement récemment converti au macronisme (la vieillesse est un nauvrage) : « j’peux pas encaisser les drapeaux, quoi qu’le noir soit le plus beau ».↩

  11. Lire sur Le Monde, « L’échange incroyable avec Claire Nouvian sur CNews montre que le climatoscepticisme a encore de beaux jours devant lui ».↩

  12. Lire Les chaînes déroulent le tapis rouge pour Marine Le Pen, car il est toujours important de savoir ce qui se trame à la télé surtout si, comme moi, vous ne la regardez plus.↩

  13. Billet Clarté du 26 août 2015, sur la question de la sortie de l’Euro et l’illusion de la contestation FN.↩

  14. L’art d’interviewer Adolf Hitler dans Le Monde diplomatique d’août 2017.↩

  15. Son livre Histoire de ta bêtise est à lire ! La citation en question est extraite de son passage à France Culture en janvier dernier.↩



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lundi 14 octobre 2019

Comment extraire de l’énergie d’un trou noir ?

Simulation numérique d’un trou-noir.
Cet article fait partie d’une série sur le futurisme : l’étude de la technologie, de la sociologie et de la science du futur, et plus généralement, du futur de notre espèce… si jamais on arrive à un niveau d’évolution suffisant pour, par exemple, coloniser la galaxie.

J’ai déjà fait un article sur les mégastructures artificielles, qui permettent de voyager à travers la galaxie sur des arches géantes ou de déplacer des étoiles. Certaines mégastructures sont destinées à extraire la totalité de l’énergie d’une étoile. Or, comme je l’explique dans mon article sur la fin des étoiles, dans un futur suffisamment lointain (on parle de $10^{100}$ années dans le futur au moins), il n’existera plus d’étoiles du tout : toutes auront consommé leur hydrogène et l’univers sera indéfiniment froid et sombre.

Les seules choses qui subsistent dans un univers en état de mort thermodynamique, seront des trois noirs, des étoiles à neutrons et des étoiles de fer. Dans ces conditions, comment survivre ?

Cette idée n’est en fait que la suite de notre évolution et notre histoire, à savoir d’utiliser quoi que ce soit que nous ayons à disposition pour en extraire la moindre quantité d’énergie possible. Dans cet article, on va voir comment on peut extraire de l’énergie des trous noirs, qui sont des astres dont on dit généralement que rien ne s’échappe, incluant la lumière.

Il y a une multitude de façons d’utiliser un trou noir comme source d’énergie, certaines plus loufoques que d’autres, mais dans tous les cas, nul besoin d’attendre la mort de l’univers pour les exploiter et encore moins en parler ou les présenter.
Notez que je me limite ici à une exploitation pacifique d'un trou noir. Il est clair qu'un objet comme un trou noir ayant une densité énergétique quasi-infini peut également servir d'armes...

Avec une quasi-étoile

Vue d’artiste d’un trou noir géant.
Un trou noir, dont le rayonnement émis par le disque d’accrétion peut être capté. (image ©Archange1Michael utilisée avec autorisation de l’artiste)

Une quasi-étoile n’est pas une petite étoile dont la taille l’empêche d’être une vraie étoile. Au contraire, il s’agit d’une étoile si immense que son cœur est constitué d’un trou noir, et que l’énergie rayonnante provient essentiellement de l’échauffement de la matière tombant dans le noir. Ce rayonnement empêche l’effondrement des couches supérieures de l’étoile et lui permet de briller.

Il n’existe plus de quasi-étoiles aujourd’hui : de telles structures monstrueusement grandes (10 000 masses solaires et un diamètre suffisant pour englober tout le système solaire) n’ont pu exister qu’au tout début de l’univers, car il faut une immense quantité d’hydrogène au même endroit, sans pour autant tout tomber et former un trou noir immédiatement : une partie du gaz doit orbiter le trou noir.

Si la nature n’en produit pas, ces quasi-étoiles peuvent être construites à partir d’un trou noir existant et de façon artificielle (on parle bien-sûr d’artifices par des civilisations de type 3+ sur l’échelle de Kardashev). Le résultat serait un astre gigantesque et dont le rayonnement émis serait lui aussi immense.

Dans le cas où on dispose de quantités virtuellement illimitées en hydrogène et en hélium, et un besoin en énergie qui soit important et ponctuel, une quasi-étoile peut être une solution.

Avec un trou noir transportable

Image d’artiste d’un trou noir lointain.
Un trou noir, même tout petit est si dense que sa masse dépasse l’entendement. En revanche, plus sa taille est faible, plus son rayonnement est important, et donc exploitable (image : Matthew Van Dusen)

Utiliser un phénomène extrême dans un objet quotidien n’est pas nouveau : un moteur de voiture est juste ça : le carburant explose sous des pressions et des températures importantes. Plus fort, dans un sous-marin ou un porte-avion nucléaire, c’est un réacteur nucléaire qui produit l’énergie nécessaire à la propulsion du bâtiment. Utiliser un trou noir comme générateur d’énergie dans un vaisseau spatial géant semble l’étape suivante.

Si un trou noir n’émet pas de matière ni de lumière (hormis le rayonnement de Hawking), la matière qui tombe dans le trou noir et qui accélère vers le trou noir, accélère et tourbillonne autour, avant de disparaître à jamais. Cette matière forme un disque d’accrétion qui lui est bien visible. En fait, la matière qui tourbillonne dans le disque d’accrétion d’un trou noir va tellement vite qu’elle rayonne des quantités importantes de rayons X à tel point qu’une importante source de rayonnement X dans une galaxie constitue à coup sûr le foyer d’un trou noir.

Si l’on dispose d’un trou noir de taille transportable au sein d’un vaisseau spatial immense, il suffit de jeter de la matière en direction du trou noir pour qu’elle s’accélère, s’échauffe puis rayonne. On peut alors capter ce rayonnement intense.

Le rayonnement lui-même ne constitue pas une « extraction » de l’énergie du trou noir : le trou noir ne perd ni énergie ni masse au cours de ce processus. Il s’agit d’une méthode pour produire de l’énergie impliquant un trou noir. Cette méthode reste particulièrement intéressante. L’énergie émise par rayonnement provient de la vitesse des particules et de sa chaleur (issue des collisions de particules entre-elles, mais aussi par des effets relativistes, comme l’effet Unruh), mais comme tout rayonnement, il correspond à une masse convertie en énergie.

Dans un processus chimique (moteur à explosion, bougie, poêle à bois…), seule 0,0001 % de la masse est convertie en énergie. Si l’on brûle 1 tonne de bois, alors les cendres et les gaz produits ne pèsent que 999,999 kilogrammes : le 1 gramme restant est convertie en chaleur.
Dans un réacteur nucléaire, le taux de conversion masse-énergie est plutôt de 0,1 % : cette source d’énergie est 1 000 fois plus concentrée que les énergies chimiques.
Avec un trou noir, on parle d’environ 6 % de conversion masse-énergie au cours du processus : il s’agit donc d’une source d’énergie encore plus concentrée qu’un réacteur nucléaire : un bout de matière de la taille d’un sucre produirait la même énergie qu’une tonne de bois. Enfin, juste pour le mentionner, une source d’énergie basée sur l’anti-matière, elle, aurait un taux de conversion masse-énergie de 100 %.

Si jamais on construit un réacteur à trou noir, ce dernier serait probablement invisible. Un trou noir est une masse extrêmement concentrée : un trou noir de la taille d’une bille possède une masse similaire à celle de la Terre.

Quand je parle d’un trou noir transportable, il faut imaginer un trou noir de 1 000 000 tonnes environ. Ça semble énorme, mais il aurait la taille d’un noyau atomique ! Il reste néanmoins possible de récupérer de l’énergie en envoyant de la matière dessus.

Simple détail cependant : un trou noir d’un million de tonnes (à cause de sa petite taille) aurait un rayonnement de Hawking d’environ 3 500 milliards de watt. Il n’est pas nécessaire de jeter de la matière dedans : il suffit de récupérer cette énergie directement, ce qui nous emmène au point suivant…

Capter le rayonnement de Hawking

Étapes de l’émission d’un jet de particules d’un trou noir.
Un jet de particules émis d’un trou noir. (image)

Bien que rien ne puisse s’échapper d’un trou noir, Stephen Hawking a émis l’hypothèse de l’existence d’un rayonnement très spécifique : le rayonnement de Hawking. Ce rayonnement naît des paires particules-antiparticules qui sont émises par le vide en empruntant de l’énergie au vide, et qu’elle absorbe aussitôt.
Selon Hawking, il peut arriver que cette paire se forme près de l’horizon des événements du trou noir (sa « surface »). Les forces de marée du trou noir sont suffisantes pour séparer la particule et l’anti-particule avant que ces dernières ne sont réabsorbées par le vide. L’une des particules tombe alors dans le trou noir. Cette particule étant sortie du vide en empruntant de l’énergie au vide possède une « énergie négative », qui, absorbée par le trou noir, en réduit la masse. L’autre particule quitte l’horizon des événements, en dehors du trou noir.

L’avantage (ou au moins la particularité) de ce méthode est que le rayonnement augmente plus le trou noir est petit ! Le rayonnement de Hawking dépend de l’intensité des forces de marées, qui augmente quand le trou noir est petit. Plus le trou noir rétréci, plus son rétrécissement s’accélère et plus son rayonnement est intense.

Un petit trou noir de seulement 1 000 000 de tonnes émet ainsi 3,5×10¹⁴ watts, a une température de 10¹⁴ kelvin et s’évapore intégralement en 2 000 ans (et est plus petit qu’un proton).
Pour une masse de 10 000 tonnes (donc 100 fois moins massif), le rayonnement est de 3×10¹⁸ W, la température de 10¹⁶ K et la durée avant évaporation de seulement 18 heures.

Arrivé à 1 tonne, son rayonnement total est le même que le Soleil (~10²⁶ W), sa température de 10²⁰ K, et il ne lui reste que 74 nanosecondes avant disparition totale.

On comprend donc qu’il faut faire très attention : il faut un trou noir suffisamment léger pour être transporté dans un vaisseau, sans pour autant brûler toute la matière à des millions de kilomètres à la ronde. Il faut donc faire attention à l’alimenter correctement, sous peine de voir sa masse se rétrécir trop, trop vite et de le voir exploser.

Dans l’hypothèse d’une civilisation assez avancée pour pouvoir manipuler des trous noirs, on peut penser que de tels engins soient possibles, même si des accidents ne sont pas à exclure.

Pour les valeurs numériques, voici un petit calculateur : Calculateur de rayonnement de Hawking

Par le processus de Penrose

Les trous noirs déforment l’espace-temps : leur masses, densités, et gravité étant telles que les lignes de l’espace-temps sont irrésistiblement aspirées en direction de la singularité au centre (l’endroit où toute la masse se « perd »). Dans certains cas, comme le cas d’un trou-noir en rotation (résultant de l’effondrement d’une étoile géante en rotation), les lignes de l’espace-temps spiralent autour du trou noir, un peu comme un siphon. Ce phénomène est nommé la précession de Lense-Thirring. La région en dehors de l’horizon des événements où l’espace-temps est aspiré dans le trou noir est appelée l’ergosphère.

Un vaisseau spatial se présentant dans l’ergosphère se verrait alors entraîné et mis en rotation autour de l’astre, tout en étant toujours capable de s’échapper du trou noir, car il n’a pas franchi l’horizon des événements. L’accélération gagnée par le vaisseau se traduit alors par un gain de sa vitesse.

En s’éloignant du trou noir, le vaisseau conserve la vitesse et son énergie cinétique acquise dans l’ergosphère. Cette énergie est alors « volée » au moment cinétique du trou noir : ce phénomène se nomme le processus de Penrose, en l’honneur à Roger Penrose qui décrivit cette possibilité en 1971.

Pour essayer de comprendre, on peut prendre un cylindre ou une roue en rotation dans l’air : la roue entraîne l’air et il apparaît une couche d’air en rotation juste au-dessus de la roue. Si vous envoyez un avion en papier à cet endroit, l’avion en papier recevra une poussée de la part de l’air, et ce que l’avion gagne en vitesse, la roue perd en rotation.

Un peu à la manière de l’assistance gravitationnelle, cette méthode permet à un vaisseau ou une sonde spatiale de voler de l’énergie à un astre, ici, l’énergie de rotation du trou noir.
L’énergie de rotation d’un trou noir est ici captée, mais la masse du trou noir lui-même n’est pas réduite. C’est un peu tordu, mais je conserve cette idée dans cet article tout de même car je trouve cela astucieux.

Si toute l’énergie de rotation du trou noir est récoltée, le trou noir cesse de tourner et devient un trou noir ordinaire (trou noir de Schwartschild — le trou noir en rotation étant un trou noir de Kerr).

Par le processus de Blandford–Znajek

Un trou noir aspirant l’atmosphère d’une étoile géante qui s’approche un peu trop près.
Le trou noir aspire la matière périphérique de l’étoile géante voisine. La matière s’accumule dans le disque d’accrétion du trou noir (en jaune/orange), où elle est accélérée, ionisée, chargée et une partie de la matière se retrouve éjectée par deux jets au niveau des pôles du trou noir. (image : NASA/CXC/M.Weiss)

Cette méthode est une conséquence de l’effet de Lense-Thirring (mise en rotation de l’espace temps dans les régions avoisinant l’équateur d’un astre rotatif).
Si des particules chargées (protons, électrons, positrons…) se retrouvent pris dans l’ergosphère (zone en dehors du trou noir mais qui voit l’espace temps se déformer et aspiré dans le trou noir), ces particules sont mises en rotation également. Cette rotation de particules chargées induit alors l’apparition de champs magnétiques très puissants.

L’action de ces champs magnétiques sur les particules leur confère d’importantes quantités d’énergie, dont elles se délestent par émission de photons qui vont eux-mêmes se décomposer en paire électron-positron (par équivalence masse-énergie, toujours).

Ces électrons et ces positrons chargées différemment suivent alors des trajectoires opposées. La forme toroïdale de l’ergosphère dirige les champs magnétiques des pôles vers l’équateur. Les positrons suivent alors une trajectoire dirigée vers les pôles du trou noir, d’où ils sont ensuite éjectés via des jets très intenses de matière et de rayons X. Les électrons, quant à eux, sont aspirés par le trou noir au niveau de l’équateur.

L’image typique et populaire du trou noir avec ses deux jets de rayons X émanant des pôles provient de ce phénomène, et l’énergie de ces jets de particules chargées est tirée d’une conversion de l’énergie de rotation du trou noir en champs électriques, en positrons et en mouvement de ces derniers.

Capter l’énergie de ces positrons reviendrait alors à puiser l’énergie (de la rotation) du trou noir.

Pour info, quand ces jets de matière chargée sont dirigés vers la Terre, ils sont visibles et prennent le nom de quasar. Les mesures montrent que ces jets de matière par un trou noir sont parmi les phénomènes les plus lumineux de l’univers, avec une puissance typique de $10^{40}$ W, soit autant qu’une galaxie.

Lorsque de tels jets sont produits au niveau d’une étoile à neutrons en rotation, les jets X sont dirigés selon l’axe magnétique de l’étoile à neutrons. De même que pour le quasar, si le faisceau croise la position de la Terre, leur rotation produit des faisceaux clignotants très rapides : ce sont les pulsars.
Ces pulsars sont si réguliers que leur fréquence de pulsation constitue une signature de l’astre. Notre position dans l’univers proche est déterminée par notre position par rapport à des pulsars ; un peu comme un système GPS, mais basée sur des rayons X émis par des pulsars. Ce système porte le nom de XNAV et pourrait être utilisée par des vaisseaux spatiaux intergalactiques.

Par effet Oberth

Un vaisseau en approche d’un trou noir.
Un vaisseau approche du trou noir pour en extraire de l’énergie. (image © Smiling-Demon, reproduite avec son autorisation)

Ceci est un cas particulier de l’assistance gravitationnelle. Quand une sonde spatiale utilise l’assistance gravitationnelle pour gagner de la vitesse, elle rattrape une planète sur son orbite, accélère lors de l’approche, puis s’en éloigne transversalement de l’orbite. De cette façon, la phase d’approche est plus longue et dans le sens de déplacement de la planète, et la phase d’éloignement plus courte et dans l’autre sens. Le résultat est qu’une partie de l’énergie cinétique de la planète est transmise à la sonde.
Généralement, les sondes spatiales font plusieurs assistances gravitationnelles autour de plusieurs planètes, pour gagner quelques km/s à chaque fois, ce qui est non négligeable.

L’assistance gravitationnelle est possible parce que les planètes sont elles-mêmes en mouvement sur leur orbite. L’énergie gagnée par la sonde est alors perdue par la planète sur son orbite.

Une telle assistance gravitationnelle ne serait pas possible avec un astre immobile, comme le Soleil dans le système solaire. Notre étoile (dans le référentiel héliocentrique du moins) n’est pas en mouvement et il n’y a donc pas d’énergie cinétique à lui prendre.

L’effet Oberth entre en jeu à ce niveau : s’il est impossible de voler de l’énergie à un astre immobile, ce n’est pas pour ça qu’on ne peut pas optimiser l’énergie des réacteurs de la sonde (ou de la fusée).

Une fusée fonctionne en éjectant des gaz en arrière de façon à pousser la fusée vers l’avant. Or, on montre que le gain en énergie est plus efficace à haute vitesse qu’à basse vitesse, même si le gain en vitesse est identique et le travail fourni par les moteurs identiques aussi.
Ainsi, pour une fusée de 1 kg qui passe de 0 m/s à 10 m/s, le gain en énergie cinétique est de 50 joules. La même fusée qui passe de 100 m/s à 110 m/s gagne pas moins de 1 050 joules, alors que dans les deux cas le gain en vitesse est de 10 m/s !

La différence ne sort pas de nulle part : elle s’explique par la répartition de l’énergie après le fonctionnement du moteur.
Quand la fusée est à l’arrêt, l’intégralité du travail du moteur est transmis au gaz éjecté. Quand la fusée décolle, une partie du travail commence à être transmis à la fusée plutôt qu’aux gaz. La proportion d’énergie captée par la fusée est encore plus importante à très haute vitesse. En effet, la fusée et le carburant sont déjà en mouvement et le carburant possède lui aussi son énergie cinétique. Dans ce cas là, quand on allume les moteurs, non seulement une plus grande partie de l’énergie de la combustion est transmise à la fusée, mais une partie de l’énergie cinétique du carburant (en mouvement avec la fusée) est récupérée et captée par la fusée.

Il est donc possible, pour la fusée, de récupérer davantage d’énergie que ce que produit le moteur par combustion, simplement en récupérant l’énergie cinétique possédée par le carburant qui se trouve dans la fusée. Or, cette énergie cinétique peut provenir de n’importe où, y compris de la vitesse gagnée en s’approchant d’un astre ! C’est là l’idée derrière l’effet Oberth.

L’effet Oberth consiste à envoyer la fusée pleine de carburant sur une trajectoire proche d’un astre très massif — et donc sur une orbite très rapide — puis d’allumer les moteurs quand la fusée est au plus proche de l’astre (au périastre) puis s’éloigner de l’astre.

Évidemment, ici, le rôle de l’astre très massif est tenu par le trou noir. On ne récupère ici pas d’énergie du trou noir, mais on optimise le fonctionnement des moteurs de la fusée grâce à la présence du trou noir.

Références

image d’en-tête de Stuart Rankin



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Surviving Mars en téléchargement gratuit

Il y a quelques semaines, je vous avais fait installer Epic Games afin de profiter gratuitement des jeux Batman.

Et bien voici un nouveau jeu gratuit proposé par Epic Games. Il s’agit de Surviving Mars, sorti en 2018. C’est un excellent jeu dispo sous Windows et macOS, qui vous emmènera sur la planète Mars afin de la coloniser.

En gros c’est un simulateur d’Elon Musk croisé avec un Rimworld, et vous devrez construire des habitats pour vos colons, gérer les ressources, et faire en sorte que tout le monde s’y retrouve.

Le téléchargement gratuit sera effectif jusqu’au 17 octobre 2019, donc ne trainez pas !



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jeudi 10 octobre 2019

CSSFilter – Pour vous apprendre à ajouter des filtres comme Instagram en CSS

Si vous voulez ajouter en CSS des filtres sur vos photos, un peu comme le reste du monde le fait avec Instagram, voici un projet qui devrait vous intéresser.

Ce projet c’est CSSFilter et il propose toute une série de filtres connus dont vous pouvez affiner les réglages avec différents curseurs. Contrastes, luminosité, saturation, taux de sépia, flou…etc.

Mais aussi récupérer en CSS pour pourquoi pas, l’intégrer à votre site ou projet web.

Plutôt cool. La cerise sur le gâteau c’est que ce projet est disponible sur Github sous licence MIT. Vous pourrez donc récupérer les sources et vous amuser avec.

Dans le même genre, j’avais parlé de CSSgram en 2016 qui faisait plus ou moins la même chose.


Trouvez le job tech que vous méritez

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lundi 7 octobre 2019

Où voir un satellite ce soir ?

J’aime bien regarder la Lune, Mars, Jupiter ainsi que les étoiles le soir, posé sur mon balcon. Je fais aussi un peu de repérage parfois avec des applications comme Carte du Ciel (Android + iOS) toutefois, je suis très mauvais avec un télescope et comme je porte des lunettes c’est encore moins fun.

Une fois, tout à fait par hasard, j’ai vu la Station Spatiale traverser le ciel étoilé à une vitesse de fou. Dans les premières secondes, je me suis demandé ce que c’était. C’était tellement lumineux et ça allait tellement vite. Météorite, satellite, vaisseau alien (ahah)… puis l’évidence : L’ISS !

J’ai alors trouvé ce site qui m’a aidé à valider ma supposition et qui permet de prévoir les futurs passages de la Station Spatiale Internationale. C’est sympa et observable à l’oeil nu (vous verrez un point très lumineux). Je vous conseille d’en faire l’expérience un jour.

Cet été, j’ai aussi observé quelques satellites passer dans le ciel. C’est beaucoup moins lumineux que l’ISS mais c’est tout aussi sympa à voir. Il y a aussi des applications et des sites qui permettent de connaitre le nom des satellites que vous pouvez voir, ou anticiper leur passage au-dessus de vos têtes.

Mais si vous êtes impatient, je vous invite à aller sur ce site « See a satellite tonight » qui comme son nom l’indique vous donnera l’heure à laquelle vous devrez lever les yeux au ciel pour voir un satellite ou l’ISS passer.

Le site est très gourmand, donc il risque de faire ramer un peu votre ordinateur, mais ça vaut le coup.

Dans un style un peu moins graphique, vous avez aussi ce service qui en fonction de votre géolocalisation, vous aidera à voir l’ISS ou différents satellites passer au-dessus de votre tête.

Bonne observation à tous !

Ps : Ce soir c’est nuageux donc ça sera un peu compliqué…


Xiaomi JIMMY JV53 Plus

Nouvelle version avec deux fois plus d’autonomie

Ras le bol des filaires, voici une petite bête fort sympathique pour ne plus se prendre la tête au moment du ménage.
Avec une batterie de 5000 mAh, ce JV53 peut atteindre plus d’une heure d’autonomie de fonction.
Sols durs, moquettes ou recoins, il est fourni avec 5 brosses différentes pour ne rien oublier au moment de son passage et s’adapte à pas mal d’environnement.
Peu bruyant, avec ses 100 000 tours minutes vous avez aussi la puissance nécessaire pour laisser vos sols clean après utilisation.

Actuellement à 229,99€, avec le code QLKEEA7S vous obtenez -25€ de réduction supplémentaires

Plutôt cool 😉




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mardi 1 octobre 2019

La vitesse de la lumière

Une superbe animation qui montre de façon plus intuitive la vitesse de la lumière.
(via https://m.g3l.org/@jpfox/102883431750851275)
(Permalink)

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